En 1992 les regrettés Jean Storch et Robert Françon ont raconté la genèse de l'émission Arc de Triomphe sur fond de dissensions entre Franklin D. Roosevelt et le général de Gaulle.
Le 12 août 1944, René Mayer, commissaire aux Communications du Comité français de la Libération devenu le Gouvernement provisoire de la République française, demande le transport des timbres Arc de Tromphe en France. Les premiers Arc de Triomphe apparaissent le 11 septembre 1944, à Carentan, dans la Manche, en septembre et en octobre dans les autres villes de Normandie et en Bretagne.
Dans une lettre du 25 septembre 1944 adressée au ministre à Paris, le directeur des services postaux de Marseille indique que les envois de timbres à 1,50 F vont permettre la suppression des Pétain à 1,50 F à partir du 2 octobre et de ceux à 1 F à partir du 5. Mais il s'inquiète des "timbres-poste de toutes valeurs émis en Amérique" et qui ne sont pas encore arrivés en zone sud. La mise en vente générale des Arc de Triomphe a lieu le 9 octobre 1944 à Paris.
Une lettre à en-tête du Gouvernement général de l'Algérie, datée du 8 novembre 1944 et adressée au Ministre - Direction de la Poste - 5e Bureau, annonce que "les dispositions vont être prises en vue de l'expédition à l'Agence comptable des timbres-poste à Paris du reliquat des figurines type Marianne et Coq gaulois imprimées à Alger pour les besoins de la Corse et de la métropole et des 31 caisses de timbres-poste émis aux États-Unis d'Amérique." Il est certain que cette série Arc de Triomphe ne répond pas à l'attente des Français.
On raconte que c'est leur Semeuse de Roty qu'ils voulaient pour remplacer l'effigie de Pétain et retrouver la tradition républicaine dans leur pays libéré. Le Comité d'Alger avait d'ailleurs envisagé, en septembre 1943, l'impression de nouvelles Semeuses...
Un numéro du Populaire de la fin août 1944 annonçait : "L'effigie de la République va reparaître sur nos timbres".
Les Français rêvaient d'une jeune République, de Liberté, de bonnet phrygien, de drapeau tricolore... On leur offre un monument à visiter !
Le remplacement des timbres Pétain dans les délais les plus brefs constituait une nécessité d'ordre politique et symbolique. Un décret, pris le 7 août 1944 par le Gouvernement provisoire d'Alger et paru au Journal Officiel le 17, stipule : "Les timbres-poste et autres valeurs fiduciaires postales émises par l'autorité de fait dite "Gouvernement de l'État français", cessent d'être valables pour l'affranchissement des correspondances et leur utilisation est interdite."
Cependant, dans cette période où l'on manque de tout, il est décidé de continuer à utiliser les timbres au type Pétain qui ne seront démonétisés que le 1er novembre 1944.
Il est vrai que les valeurs faciales des timbres Arc de Triomphe, qui ne tiennent guère compte des tarifs postaux du 5 janvier 1942 ne sont pas d'une grande aide.
Seuls les 50 c (imprimé du premier échelon) et 1,50 F (lettre simple) sont d'un usage immédiat. Les usages postaux de la série Arc de Triomphe Les utilisations postales de cette série sont rares, les faciales n'ayant pas été choisies en fonction des tarifs postaux en cours à l'époque.
- 5 centimes : (vendu en paire) journaux.
- 10 centimes : journaux, cécogrammes (massages en braille pour les aveugles).
- 25 centimes : (utilisation en paire) imprimés 1er échelon pour l'intérieur.
- 50 centimes : idem et journaux à partir du 1.10.45.
Des affranchissements composés possibles pendant 23 jours
La date officielle de mise en vente de la 1ère série Arc de Triomphe étant le 9 octobre 1944 à Paris (même si l'on connait quelques utilisations en Normandie et en Bretagne à partir du 11 septembre 1944) et la date de démonétisation des timbres au type Pétain étant le 1er novembre 1944, constituer une petite collection d'affranchissement composés Pétain-Arc de Tromphe pendant ces 23 jours est une tâche particulièrement ardue.
Un seul organisme a utilisé de manière intensive des affranchissements composés Pétain et Arc de Triomphe :
le greffe du Tribunal de commerce de la Seine pour des envois recommandés à 4F50.
Trois affranchissements différents sont connus.
Bertrand Sinais
Références :
Articles sur les timbres Arc de Triomphe :
- Jean Storch et Robert Françon : Nom de code Borac (Timbroscopie février 1992 pages 32 à 35).
- Jean Storch et Robert Françon : Deux séries, vingt timbres... mille et une variantes à rechercher (Timbroscopie mars 1992 pages 41 à 45).
- Jean Storch et Robert Françon : Arc de Triomphe, au rythme de l'avance des armées alliées (Timbroscopie avril 1992 pages 61 à 63).
- Annette Apaire et Bertrand Sinais : Les "Arc de Triomphe", timbres d'occupation pour un pays libre (Timbres magazine septembre 2002 pages 68 à 74).