Emmanuel Mounier : fondateur du personnalisme

Né à Grenoble en 1905, Emmanuel Mounier obtient son agrégation de philosophie à Paris en 1928. Malgré une voix toute tracée, il se détourne de la carrière d’enseignant pour une activité de réflexion militante. 

Il cherche avec d’autres jeunes philosophes à rompre avec les théories antagonistes de l’époque que sont le capitalisme et le marxisme et remettre la personne au cœur de l’analyse. Selon lui, l’homme est par nature engagé dans la société. Il développe alors un mouvement qui va prendre le nom de personnalisme et fonde en 1932 la revue Esprit. Interdite en 1941, la revue est relancée dès la Libération. Jusqu’à sa disparition, Emmanuel Mounier en assure la direction, la gestion et une bonne partie de la rédaction. Le mouvement est le lieu de débats, notamment sur le colonialisme, le pacifisme ou encore la réconciliation franco-allemande dont l’impact non négligeable sur le projet de reconstruction du pays et sur celui de la construction européenne est à souligner. 

On y accueille et écoute avec respect des interlocuteurs venants d’horizons très différents. Travailleur acharné, il multiplie les tâches : directeur de la revue et des collections Esprit, animateur de groupes de réflexion, conférencier, auteur de nombreux articles, de causeries à la radio et de plusieurs ouvrages. Emmanuel Mounier disparaît à l’âge de 45 ans des suites d’une crise cardiaque.
Le personnalisme n’est ni un système ni une doctrine mais, comme le dit le philosophe Guy Coq, « un espace de rencontres autour de quelques points d’appui, où chrétiens, musulmans, agnostiques, juifs et incroyants peuvent se retrouver dans une réflexion sur le monde que nous avons à construire. »