Élément très abondant de l’écorce terrestre, l’aluminium est un métal pauvre, malléable, léger, de couleur argentée et résistant à l’oxydation. En 1854, Henri Sainte-Claire Deville (1) produit de l’aluminium par un procédé industriel. De prix élevé, on l’utilise d’abord pour l’orfèvrerie. N’oublions pas Paul Héroult (1863-1914) qui a fait des travaux dans la tannerie paternelle de Nanterre la recherche de la production d’aluminium à bon marché et créa avec d’autres savants-amis l’usine de Salindres.
En France, il faudra attendre 1860 pour voir la naissance du premier site industriel de production du métal à Salindres dans le Gard. Et ce n’est qu’en 1886, grâce aux progrès de l’électricité, que la production d’aluminium est véritablement lancée.
Dès l’arrivée de la première carte postale (en 1873) apparaissent les premières cartes en aluminium. Leur fabrication semble être la même que pour les autres cartes, seul le support est différent.
La plupart des cartes alu ne possèdent pas de nom d’éditeur, mais sur celles qui en possèdent, on peut noter pour les Anglo-saxons : Alcoa, Alcan, British Alu, Hulme Bross, Buffalo, Ney Jersey, et autres.
Pour l’Europe : Guggenheim, Raphaël Tuck & Sons, P.B.F., K.F. Paris, G. Ranci & Co pour Milan. Difficile d’indiquer la quantité de cartes fabriquées en aluminium par rapport aux cartes plus simples puisque les éditeurs ne donnent aucune indication à ce sujet. Sans doute parce qu’elles étaient considérées comme des œuvres d’« artistes » tout simplement. Ces cartes alu circulent dans le monde entier sans grand dommage, malgré leur légèreté !
Elles sont soit en tôle mince soit contrecollées avec un dos en carton. La recommandation : les envoyer sous pli.
Elles peuvent être peintes, ou collées avec du papier alu colorisé. Ce sont parfois de véritables curiosités techniques.
La richesse de cette collection est que l’on trouve des cartes pour de nombreuses fêtes carillonnées et autres événements.
Les vues de paysages, de quartiers renommés pour les grandes villes notamment d’Espagne, de Grande Bretagne et des Amériques foisonnent, mais il n’y en a assez peu en France. En revanche, on recense beaucoup de portraits d’actrices à la mode, souvent des « mondaines » cherchant l’homme qui sera susceptible de les entretenir.
Dans le style Art Nouveau, on connait les visages de Rimez et Andral (en tôle mince). Ces cartes, par une magie qui leur est propre, ont imprimé aux personnages une poésie incomparable (2). Les cartes de 1er avril en alu signifiaient l’arrivée du printemps, mais elles n’avaient pas encore une connotation humoristique. Elles servaient de prétexte à avouer ses sentiments de manière élégante, comme ceci : « 1er avril devinez qui vous l’envoie vous saurez qui vous aime »... Les animaux sont des sujets très plaisants, cependant la cote va vers les chatons, toujours très « mignons » pour tous (3).
La flore, toujours agréable à admirer, tient une place importante. Les cartes qui les concernent sont composées par toutes sortes de fleurs disposées harmonieusement en bouquets ou parfois seules. Ici, des iris mélangées à des marguerites roses. L’iris de couleur violet est associée à la confiance, et les marguerites sont susceptibles d’être effeuillées (4).
« Bonne fête ! »
Les fleurs sont aussi un moyen de témoigner son affection, la fête ou l’anniversaire au bénéficiaire de la carte.
Dans le monde, on peut répertorier ce genre de cartes fantaisie, plus ou moins originale. Pendant la Première Guerre mondiale, ce militaire qui faisait partie des troupes en campagne, a découpé ce vase dans la partie en aluminium d’un obus. Il y a rajouté avec soin des herbes trouvées dans une prairie sur le Front (5).
Impossible de comptabiliser toutes ces cartes aux portraits de femmes toutes belles dans leur genre. Ici une femme allongée sur un divan aux couleurs vives (6). « La femme est l’être qui projette la grande ombre ou la plus grande lumière de nos rêves ». Baudelaire
Milan : Place du Dôme qui est la principale place de la ville. C’est le cœur urbain et commercial depuis plus de sept siècles (7).
C’est une série de quatorze cartes, œuvre de Achille Beltrame (1871 – 1945) peintre et célèbre illustrateur et élève de Guiseppe Bertini de Milan. Cette suite est éditée par G. Ranci & Co et elle est en aluminium extrêmement mince et colorée. Un médaillon comportant ce magnifique profil de cette jeune fille, dans le plus pur style Art Nouveau (8).
L’Art Nouveau est un mouvement artistique qui s’appuie sur l’esthétique des lignes courbes.
Né à la fin du XIXème siècle en réaction contre les dérives de l’industrialisation. « Laisser tomber les anciennes traditions des vieux styles » clament sans cesse les créateurs de l’Art Nouveau. Les fêtes de fin d’année sont à l’origine d’une grande diversité : anges, cloches, père Noël, enfants, paysages sous toutes leurs formes et toujours très plaisant (9). « Ce qui compte à Noël, ce n’est pas de décorer le sapin, c’est d’être tous réunis ». Kevin Bright L’oiseau bénéficie d’une grande richesse de cartes alu. Ici on peut apercevoir un colombier avec des oiseaux se reposant alors que d’autres volent les rejoindre (10). « Bonne et heureuse année » « Cage dorée ne nourrit point l’oiseau ! » Proverbe italien Pour clore, cette carte d’humour américaine en alu qui est fort sympathique. Ce sera «no comment !», la carte parle d’elle-même (11).
Françoise Valette
Auteure d’un ouvrage «Flânerie dans la carte postale en aluminium» dans lequel on peut découvrir 400 illustrations de cartes, détentrice d’une collection de cartes alu de 6 000 pièces, ancienne collaboratrice au sein du Groupe Pechiney, Françoise Valette a fait découvrir l’univers de la carte postale en aluminium car loin d’être un thème, c’est une collection à part entière.